La contraception expliquée par une sage-femme.

Contraception : laquelle choisir et en fonction de quoi ?

Il n’est pas toujours évident de faire le bon choix de contraception. Laquelle est la plus adaptée, en fonction de notre santé et notre mode de vie ? Pourquoi est-il aussi important de se renseigner sur la contraception masculine ? Élodie Cariou, sage-femme, nous offre les réponses à nos questions.

Depuis toujours, pour Élodie, la profession de sage-femme est une vocation. Après quatre années d’études à l’international, notre sage-femme obtient son diplôme en 2019. En parallèle de travailler dans un hôpital en France, Élodie s’est lancée dans l’activité libérale en exerçant divers suivis : gynécologiques, grossesse ou visites à domicile.

Contraception : les différents moyens à connaître

Rappelons la définition de la contraception : une méthode ou un moyen visant à éviter qu’un rapport sexuel aboutisse à une grossesse. Globalement, nous avons les méthodes hormonales :

La pilule contraceptive : l’une des plus utilisées. Elle nécessite une prescription et une vérification des antécédents médicaux et familiaux car elle peut entraîner des effets secondaires légers ou alarmants.

L’implant contraceptif : implanter sous la peau en haut du bras, le bâtonnet libère un progestatif à petite dose dans une durée moyenne de 3 ans.

L’anneau vaginal : inséré au fond du vagin, il peut rester 3 semaines avant d’être remplacé par un autre 7 jours après. Il est aussi efficace que la pilule ou le patch.

Le patch contraceptif : délivrant deux hormones, il est collé sur la peau au niveau du ventre, du bas du dos ou du bras à raison d’1 patch par semaine. La pilule reste le moyen de secours en cas d’oubli.

Le stérilet hormonal : inséré dans l’utérus, cette tige diffuse un progestatif à dose régulière protégeant ainsi d’une grossesse non-désirée pendant 3 à 5 ans

Les moyens non-hormonaux existants

Il existe également les moyens non-hormonaux, comme les baptise Élodie, les « barrières » :

Le préservatif : masculin ou féminin, il est évidemment connu pour protéger des grossesses non-désirées ou des Infections Sexuellement Transmissibles.

Le diaphragme : à placer contre le col de l’utérus, le petit capuchon en silicone est à garder 6 à 8h après le rapport sexuel avant de le retirer.

Ou encore le stérilet en cuivre : inséré dans l’utérus, il agit localement sur la paroi utérine et inactive les spermatozoïdes devenant ainsi une contraception permanente et réversible.

Enfin, nous avons les méthodes d’observations du cycle, type symptothermique. Une contraception naturelle qui consiste à observer quotidiennement la glaire cervicale et la température du corps. Cela permet de déterminer les jours de fertilité et d’infertilité chez la femme (le cycle menstruel). N’oublions pas notamment la contraception par stérilisation, dîtes définitives. La stérilisation féminine ou la vasectomie ; la ligature des trompes ou la pose d’implants pour le premier et la section des canaux déférents pour l’autre.

Élodie précise : « C’est important de pouvoir parler de la contraception pour homme, ça commence à bouger aujourd’hui mais il faut vraiment en parler car une contraception, c’est aussi à deux ! Le couple n’a pas forcément envie de vivre une grossesse ou d’avoir un enfant donc c’est quelque chose qui est à partager à deux. C’est très intéressant de partager la décision et voir comment à deux, on peut répondre à nos besoins », explique-t-elle.

Choisir parmi ce large éventail de contraceptifs

Chaque femme doit pouvoir trouver la méthode contraceptive qui lui convient. Elle peut évidemment évoluer au fil du temps mais ce choix ne peut être réalisé seule. « C’est très important de consulter un professionnel de santé lors d’une première consultation où nous allons discuter, où le professionnel vous présente tous les moyens de contraception possibles et inimaginables. Le professionnel va ensuite voir en fonction des antécédents, des pathologies, etc. Quelle méthode sera potentiellement la plus convenable ? Je trouve important que ce soit un choix à deux, avec le professionnel et la femme ou l’homme. Ce n’est pas le professionnel qui doit choisir pour la personne car un stérilet ou une pilule peuvent ne pas convenir ; c’est très individuel. C’est donc une décision qui doit être réalisée et orientée avec un professionnel » nous informe Élodie.

Il est évidemment possible de changer de moyen de contraception. Toujours accompagné d’un professionnel de santé, il nous faut déterminer pourquoi ce dernier ne nous convient plus : douleurs mammaires ou abdominales, l’acné hormonale, pour laquelle une dermatologue nous avait donné ses conseils. Il y aussi des pertes de sang, sécheresse vaginale ou mode de vie changeant. Afin d’éviter tout risque de grossesse, il est recommandé de prendre ses précautions entre la passe d’un contraceptif à un autre.

L’efficacité en théorie et en pratique

Comme souvent noté sur la boîte des préservatifs, l’efficacité d’un moyen de contraception n’est pas fiable à 100%. Notre sage-femme nous en dit plus : « En consultation, moi je donne toutes les informations sur l’efficacité. Il y en a qui en théorie sont plus efficaces que d’autres et en pratique également mais il reste une différence. Par exemple, une pilule peut ne pas convenir à quelqu’un qui n’a pas un rythme de vie adapté à la prise de pilule régulière. C’est très individualisé. C’est à voir avec un professionnel de santé ».

Des statistiques ont été réalisées parmi des femmes qui utilisaient le contraceptif convenablement et celles qui l’omettaient ou qui avaient des effets secondaires. Ceci permet alors de conclure à l’efficacité pratique. Nous la comparons à l’efficacité théorique se mesurant par l’Indice de Pearl ( = 2 signifie que 2 femmes sur 100 utilisant la méthode contraceptive analysée pendant un an ont été enceintes dans l’année.) Alors des différences ressortent. Vous pouvez les découvrir ici.

Qu’en est-il de la contraception masculine ?

Deux mots qui sont rarement mis côte à côte. La contraception masculine renferme différentes méthodes malgré le peu d’informations les concernant. La plus connue et la plus utilisée : le préservatif masculin qui est remboursé si prescrit. Comme vu précédemment, il y a également la vasectomie. Technique plus radicale et enfin la méthode naturelle, le retrait. Ce dernier n’est d’aucune fiabilité alors une éventuelle grossesse peut subvenir. C’est là que la pilule du lendemain ou du sur-lendemain (pour les femmes, à l’évidence) peut nous sauver la mise ! Elle a un effet protecteur sur le dernier rapport sexuel mais en revanche, n’a aucune pouvoir sur les prochains.

Encore aujourd’hui, des chercheurs et scientifiques continuent de creuser cette possibilité de la création d’une pilule masculine. Élodie nous rassure : « Ça commence à bouger. Il faut continuer à en parler, car c’est très important. Je pense que les moyens de contraceptions doivent être un sujet de couple et non de femme. Plus nous allons en parler, plus nous allons évoquer certaines idées et plus les hommes vont se sentir concernés finalement. J’espère que ça ne va pas devenir un sujet tabou dans le couple. Au contraire, que ce soit un sujet libre. Il faut que ça se démocratise, c’est important que les médias en parlent et que les professionnels de santé puissent également être formés un peu plus car nous ne le sommes pas… »

Parler de la contraception au sein de son couple

Notre sage-femme continue : « J’invite tous les hommes à venir en consultation et j’en ai de plus en plus. Même si nous choisissons de mettre en place un stérilet ou autres. Il y a certains conjoints qui sont présents. Cela commence à se démocratiser. Je suis ravie de pouvoir les voir en consultation. Il y en a qui partagent le coût de la contraception, c’est comme une aide pour les femmes et une charge mentale qui diminue. Nous ne sommes pas dans une complète parité de ce côté-là mais je pense que nous sommes dans une belle évolution vers le côté positif ». Voilà des paroles qui rassurent et nous poussent à croire en une évolution du côté contraceptif.

En conclusion

Vous l’aurez compris, la contraception est vaste, est à prendre au sérieux et est encore en grande évolution. Notamment dans la contraception masculine. Le point important à retenir est que nous devons toujours choisir notre moyen de contraception à deux, avec un professionnel de santé. Nous avons un large choix de méthodes contraceptives existantes. C’est à nous de découvrir celle qui peut s’avérer la plus efficace pour nous-même.

Encore un grand merci à Élodie d’avoir répondu à nos questions. Et merci pour ses réponses claires, sa passion pour son travail, son humanisme et sa détermination.

Retrouvez Élodie Cariou sur son compte Instagram et sur son site internet. Découvrez également ses conseils dans le livre Gynécée – Mon cycle & moi qu4elle a co-écrit en compagnie d’autres spécialistes de santé.

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