Ce mardi 16 avril, c’est à la Fnac de Nice que Madame Riviera a eu le plaisir de s’entretenir avec Matthieu Lartot, actuellement en promotion de son livre « On n’ampute pas le cœur », aux éditions Robert Laffont. Un échange riche en humilité, qui donne un bel aperçu de son récit.
Cela fait maintenant 27 ans que le journaliste sportif vit passionnément, pour s’accomplir et profiter des siens, à 200 %. Le cancer l’ayant frappé à 17 ans, Matthieu Lartot a mûri plus vite que les autres, et a ressenti l’urgence de vivre, de s’épanouir autrement que sur un terrain. C’est en se tournant vers le journalisme sportif qu’il a remodelé son rêve, et, à force de persévérance et de résilience, en a fait une réalité. Interview.
Madame Riviera : Bonjour Matthieu. C’est un plaisir de vous rencontrer. On est ici à l’occasion de la promotion de votre livre, On n’ampute pas le cœur, à la Fnac de Nice, vous allez bientôt être en séance de dédicaces à 17h.
Je vais essayer de recontextualiser en remettant les choses dans l’ordre. Vous avez eu un cancer du genou à l’âge de 17 ans.
Matthieu Lartot : C’est ça. Un synovialosarcome, le terme est un peu barbare. C’est un cancer extrêmement rare. Pour vous donner une autre idée, quand on m’a diagnostiqué ce cancer à l’âge de 17 ans, il y avait 15 cas en France. C’est quelque chose qui est très difficile à détecter. Comme il y a très peu de cas en France, c’est ce que je raconte dans le livre , il y a eu un peu de tâtonnement au début, deux interventions chirurgicales, où les médecins sont passés un petit peu à côté et pensaient que c’était un kyste. Et d’ailleurs, un acte chirurgical par arthroscopie d’un chirurgien en enlevant ce kyste-là va empirer la situation, puisqu’il va disséminer des cellules cancéreuses dans ma jambe, ce qui va m’occasionner après des interventions un peu plus lourdes encore.
Avant ça, vous étiez en sport-études pour devenir rugbyman professionnel. Vous avez dit au cours d’une interview, je cite que « le premier choc au moment du diagnostic, ça a été de se dire que le sport c‘est fini ».
Oui, parce que ma vie était construite autour du sport. Alors évidemment, il était beaucoup question de rugby, mais j’ai commencé par le tennis, j’avais 5 ans, ensuite le rugby, dès l’âge de 6 ans et jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’on me dise que je ne pourrai plus jamais courir ni sauter, ni faire tout un tas de choses. Beaucoup de basket… Donc ma vie s’articulait autour du sport. C’était vraiment les fondations de ma vie. Et quand on m’a diagnostiqué ce cancer, tout s’était écroulé. Il a fallu déjà digérer, et puis, parce que c’est dans mon tempérament, j’ai tout de suite essayé de switcher et de me dire « qu’est-ce que je vais pouvoir faire ? » J’avais besoin de me fixer des objectifs de vie pour essayer d’avancer, pour ne pas broyer du noir. Parce que quand on est dans une situation comme la mienne… et il y a plein de gens qui, en ce moment, font face au cancer. Donc j’ai aussi écrit ce livre pour eux, parce qu’on a besoin de gens qui vous montrent que c’est possible de continuer de faire des choses, d’avancer, d’avoir des projets de vie. Et donc là, je me suis dit, « il faut que je fasse en sorte de rester connecté au monde du sport ». Et qu’est-ce qui va me permettre de faire ça ? C’était le journalisme sportif. Donc je me suis lancé tête baissée là-dedans. Après le premier cancer, je vais rester deux ans à l’hôpital. Pendant ces deux années, entre les opérations, les traitements, la chimio et la radiothérapie, j’ai fait une infection nosocomiale, j’ai été quatre mois en service sceptique. Donc ça a été des périodes un peu difficiles à gérer émotionnellement, mais j’ai été ultra bien entouré. Ma mère qui était dans l’enseignement, avait mis un petit écosystème en place, où j’avais des profs qui venaient et qui me donnaient des cours au lycée. Donc j’ai passé mon bac en candidat libre. Je suis sorti de l’hôpital, je suis allé passer le bac d’école de journalisme en béquille. Et puis après, une fois que tout ça était un peu derrière moi, je me suis lancé dans cette carrière.
Ça a été un second souffle, justement, de vous orienter vers le journalisme ? Parce que vous avez dit que l’écriture était une passion, également.
Oui, en fait, tout est allé très vite. Je pense que c’est la force de… Je le dis en toute humilité, moi je ne suis pas un super-héros. J’ai croisé plein de gens, que ce soit dans le centre de chimiothérapie, dans les centres de rééducation, des gens comme moi, c’est-à-dire que quand vous avez quelque chose qui vous tombe comme ça sur la tête, à l’âge que j’avais, ça vous donne une maturité peut-être plus rapide et plus importante que les autres. Moi, en fait, ce qui s’est passé, c’est que quand je suis arrivé en école de journalisme, je savais déjà exactement ce que je voulais faire. Et comment le faire. J’avais eu deux ans pour mûrir cette réflexion-là. Et donc, pour vous donner un ordre d’idée, j’intègre cette école de journalisme en 1999. Huit mois après être sorti de l’hôpital, j’étais à Sydney, à l’autre bout du monde, pour les Jeux d’Olympique avec France Télévision. Donc tout est allé très vite. J’ai eu cette chance, inouïe, évidemment, de mettre un pied à France Télévision, de ne plus jamais quitter ce service. Mais ça a tout de suite matérialisé ce que j’avais imaginé pendant les deux années où j’étais dans les hôpitaux, en traitement, etc. Donc, tout de suite, les frissons de revivre des grandes émotions liées au sport qui plus est dans un média qui permet de partager ça. C’est le pouvoir magique de la télé : transmettre des émotions aux téléspectateurs. C’était un plaisir immense. C’était quelque chose même presque irrationnel parce que jamais, je n’aurais pu penser que, huit mois après mon premier cancer, je serai sur les antennes de France Télévision pour couvrir les Jeux Olympiques au bout du monde, jamais.
De par ce que vous avez vécu, il y avait une sorte d’urgence, presque, à vouloir vous accomplir et à le faire vite ?
Oui, mais ça a été vrai pour tout, pas que professionnellement. Dans ma vie personnelle aussi. Evidemment, quand vous vous sentez mortel pour la première fois, parce que quand on a une vie normale et qu’on n’est pas impacté par des problèmes de santé, la mort, tout ça, c’est une notion assez lointaine et c’est tant mieux d’ailleurs. Quand on fait face au cancer, à des complications, etc., il y a des choses que, d’un seul coup, on matérialise peut-être davantage. Donc, oui, ce sentiment d’urgence à accomplir des choses, professionnellement évidemment, mais personnellement aussi. Moi j’ai tout eu envie de fonder une famille rapidement. J’avais ce besoin d’être père et de partager des émotions avec mes enfants. En fait, ma vie s’est construite comme ça. Je me suis fixé un objectif, je le remplissais, j’avais besoin de m’en fixer un autre pour continuer à avancer. J’ai fait ça tout au long de ma vie, et j’ai encore fait ça au moment de la récidive, il y a un an, pour surmonter à nouveau cette épreuve.
Pour votre premier cancer, le diagnostic a été posé il y a 27 ans, et vous avez décidé d’en parler, il y a seulement 4 ans, sur le plateau de Faustine Bollaert, dans Ça commence aujourd’hui. Est-ce qu’il y a une raison au fait d’avoir témoigné si tard ?
Il y a une raison qui est très simple, c’est que j’étais impacté par ce qui m’était arrivé, les deux ans d’hospitalisation, physiquement, j’avais un handicap invisible, parce que j’avais une jambe raide, qui me faisait souffrir, c’était difficile au quotidien, mais je ne voulais pas qu’on se serve de ça. Si j’en avais parlé, il y aurait une sorte de fausse compassion, je ne voulais pas de ça. Moi, je voulais vraiment m’accomplir en tant que journaliste, comme les autres. Donc, je n’ai rien dit pendant plus de 20 ans, j’ai fait toute ma carrière, je suis arrivé aux commentaires di XV de France, à la présentation de Stade 2, sans que personne ne soit au courant de ça. Après, les gens qui me croisaient dans les stades, dans la rue, ils voyaient bien que j’avais des difficultés à la marche, mais je ne rentrais jamais dans les détails quand ils me posaient la question, et je le raconte dans le livre. Donc, à un moment donné, il y a Faustine. Il se trouve qu’on a fait la même école du journalisme, et la même année, donc ça a facilité un peu le lien, en tout cas de cette émission. C’est une stagiaire de Faustine qui m’a sollicité, en fait, c’était une stagiaire que j’avais eu moi en service des sports, elle m’avait vu évidemment, mais elle avait eu vent un petit peu de mon histoire, et elle a réussi à me convaincre de venir. C’était une émission sur le handicap de certaines célébrités à la télé. Il y avait, Grégory Cuilleron, Guillaume Bats qui, malheureusement, depuis est décédé, que je connaissais, (ainsi que Laeticia Bernard NDLR) et donc à l’évocation de leur nom, je me suis dit, « je les connais, on va passer un bon moment ». C’est sûr que c’est bienveillant, parce que c’est Faustine et Faustine, je la connaissais, donc je n’avais pas de doute par rapport à ça. Mais surtout, j’avais besoin de me sentir en confiance pour, ce que je dis dans le livre, faire un coming out. Parce qu’en gros, c’était révéler aux gens que, depuis 20 ans, j’ai un handicap invisible, qui ne se voit pas quand je suis à la télé parce que je suis un homme tronc, et que j’ai traversé toutes ces épreuves-là. C’était un moment un petit peu charnière, et puis je pensais aussi à mes enfants, qui connaissent évidemment mon histoire, mais le format télé, tel qu’il est fait dans l’émission de Faustine, il vous offre la possibilité quand même de rentrer dans le détail, de choses que j’avais pas forcément partagées jusque-là avec mes enfants. Donc c’était à la fois publiquement dire aux gens ce qui m’est arrivé, et puis c’était laisser une première trace avant le livre pour mes enfants.
Au cours de cette interview, vous avez dit quelque chose qui m’a personnellement touchée au sujet du fait de relativiser. Vous avez dit, « il y a toujours pire, j’ai passé ma vie à relativiser ce qui m’arrivait ». Est-ce que vous avez réussi à garder ce même état d’esprit, même au cours du deuxième cancer ?
Toujours. Toujours pour une raison très simple, c’est que et ça encore une fois, quand on est en bonne santé, et c’est normal d’ailleurs, on ne peut pas avoir ce type de réflexion. Mais quand vous êtes confronté à la maladie, quand vous êtes confronté à la mort, parce que vous êtes dans des services où vous côtoyez la mort… Moi j’ai vu des enfants en phase terminale de cancer, il leur restait quelques jours, quelques mois à vivre, quand vous êtes confronté dans des centres de rééducation, à des destins brisés. Dans le centre de rééducation à LADAPT, il y avait beaucoup d’amputés comme moi, mais il y avait aussi une aile neurologique avec des gens qui faisaient des AVC sévères. Vous ne pouvez pas imaginer les séquelles qu’ont les gens qui font des AVC sévères. Les gens qui sont, et je le raconte, c’est un personnage du livre, Ralph, qui sont toute leur vie ensuite prisonniers de leur corps. C’est-à-dire qu’ils ne peuvent plus avoir d’interactions avec le monde extérieur puisqu’ils ne peuvent plus verbaliser leur pensée. Donc quand vous faites face à ces gens-là, vous vous dites, « moi il me manque une jambe, c’est pas très grave, j’ai ma tête, je peux serrer les gens que j’aime, je peux continuer à faire mon travail comme avant ». Donc il y a toujours pire que soi. Et Ralph, qui est dans une position très difficile, lui aussi il peut se dire qu’il y a toujours pire que lui. Il y a des gens qui sont atteints de la maladie de Charcot, ils communiquent avec le monde extérieur avec leur rétine. Donc il faut pouvoir se dire ça tous les jours pour continuer à avancer parce que sinon on se dirait « j’ai perdu une jambe, ma vie est terminée », alors que ce n’est pas le cas.
En parlant d’état d’esprit, vous avez dit à l’annonce de votre deuxième cancer, de la récidive, que vous aviez pour objectif vraiment d’être là, de couvrir la Coupe du Monde de rugby 2023 de rugby qui a eu lieu en France. Est-ce que ça a été une motivation de chaque instant, un objectif que vous ne vous êtes pas laissé le choix d’atteindre ?
Oui, et ça c’est le grand privilège d’avoir trouvé un métier de passion. Parce que quand j’étais dans le centre de rééducation, je voyais bien qu’avec mes copains, on n’avait pas tous les mêmes urgences. Moi j’avais envie de revenir dans mon métier, parce qu’il y avait la Coupe du Monde en France, que je suis un personnage public. Donc voilà, je savais que j’allais retrouver mon métier, ma passion, mais aussi le publics qui nous regarde toute l’année. Par rapport à Adama, par exemple, qui avait un métier beaucoup plus pénible, Adama n’était pas pressé de retourner au travail. Donc ça c’est l’immense privilège de faire un métier de passion. Et ça m’a aidé, ça a été un moteur extraordinaire. J’avais un délai qui était très court, l’amputation le 16 juin, la le match d’ouverture le 8 septembre. Quand j’ai dit aux médecins, dans le centre de rééducation, quand je suis arrivé une semaine après l’amputation, je leur ai dit, « moi je vais être le 8 septembre au Stade de France, et le lendemain je vais commenter le match à Afrique du Sud et Ecosse, à Marseille, ils m’ont dit, « mais c’est pas possible, vous êtes complètement fou ». Mais moi j’avais ça en tête. Et finalement j’ai déjoué un peu les pronostics grâce à Adama, grâce à tous ces gens à LADAPT qui m’ont tiré vers le haut. C’était hyper vertueux, on s’aidait les uns les autres, il y avait une forme de solidarité qui malheureusement n’existe plus trop dans notre société. Et en fait, cette séquence de ma vie, c’est sans doute la séquence la plus puissante que j’ai vécue humainement. Parce que j’étais au milieu de gens qui étaient frappés par le destin des accidents de la vie, des accidents de parcours, des vies cabossées. Mais qu’avait une soif de vivre, de se reconstruire, de se remettre debout, dans quelque chose d’empathique. C’est-à-dire qu’on était là les uns pour les autres, on était solidaires les uns des autres, on s’aidait. Et quand il y a quelqu’un qui faisait un tout petit progrès au niveau de la marche par exemple, il donnait l’envie à l’autre de se surpasser pour atteindre ça. Et c’était magique, enfin moi j’ai vécu deux mois… Adama, je ne le connaissais pas avant d’entrer dans ce centre, on n’a strictement rien à voir dans ma vie. Et aujourd’hui je le considère comme un frère, parce que c’est quelqu’un qui a été indispensable à ma reconstruction. Et, j’évoque ça dans le livre, il disait souvent, « on est ensemble, on est ensemble, tous les uns les autres », et on est ensemble plus que jamais, et on le sera encore après tout ça, c’est sûr.
En parlant de soutien, justement, vous avez publié ce fameux post sur Instagram pour annoncer la récidive de votre cancer, et vous avez reçu une immense vague de soutien de la part de vos confrères, mais aussi des supporters. Est-ce que vous aviez anticipé cette réaction, avant de le poster ?
Pas du tout. J’avais juste envie, à ce moment-là, de maîtriser la communication de la récidive, parce que, comme j’avais fait cette émission avec Fastine Bollaert, j’avais rendu public mon premier cancer, je savais bien qu’en m’éloignant de l’antenne, et à ce moment-là, je sais pas si je vais revenir dans 2, 3 mois, 6 mois, j’en sais rien. Ce que je sais, c’est que je suis obligé de quitter mon poste de commentateur de rugby, mon poste de présentateur de Stade 2, et que, à un moment donné, ça va interpeller les gens et qu’il va y avoir des théories de développées. Je n’avais pas envie de ça, je voulais protéger mes enfants, de protéger mes proches. Donc, je fais cette annonce-là, mais je ne m’attends absolument pas à ce tsunami de réactions, de soutien. Je crois que j’ai reçu 20 000 messages en 48 heures, parce que je ne pouvais même pas tout lire, je recevais des… On ne reçoit plus de courriers depuis les réseaux sociaux, j’arrive à France Télévisions avec les 2-3 trucs avant que je parte et j’avais des piles de lettres sur mon bureau qui m’attendaient. C’était fou, mais ça m’a aidé parce que, quand vous sentez un élan de soutien comme ça, de solidarité, de messages hyper touchants, ça a tendance à vous donner de l’énergie, à vous transcender un petit peu. Et quelque part, ce livre, c’est aussi ça. C’est pouvoir remercier les gens à travers mon récit et puis venir en dédicaces comme ça, aujourd’hui à la Fnac, c’est aussi rencontrer ces gens-là. Alors évidemment, moi, je les rencontre dans le cadre de mon travail, quand je vais dans les stades. Quand je suis revenu pour la Coupe du monde, ça a déjà été un truc exceptionnel. Les gens m’accueillaient avec des pancartes, ils scandaient mon nom dans les tribunes. Vraiment, ça m’a touché au plus profond de moi, j’ai vécu ça de manière hyper intense. Et je ne savais pas trop comment rendre cet amour ou cette bienveillance, parce que ça donnait la sensation qu’ils retrouvaient un membre de leur famille. Ils nous voient à la télévision depuis 15 ans, je commente les matchs et de leur équipe préférée, donc il y a quelque chose entre nous, un lien presque invisible. Et ce livre-là, il rétablit un peu la connexion.
Ça a été un besoin pour vous, quelque part, de coucher sur papier vos émotions et de raconter votre histoire de façon un peu plus intense ?
Paradoxalement, non. Parce que j’ai beaucoup de maisons d’éditions qui m’ont sollicité. Quand j’étais à peine revenu à l’antenne de France Télévisions, j’ai reçu 5 ou 6 propositions pour faire un livre, et j’ai tout refusé, je ne me voulais pas. Sophie Charnavel, qui est la directrice des éditions Robert Laffont, m’avait déjà envoyé un mail, elle m’avait laissé un message, elle sentait bien que je n’étais pas très chaud. Un jour, elle m’appelle, je décroche et elle me dit « vous m’accordez un déjeuner, 10 minutes, et si à la sortie du déjeuner, vous ne voulez pas faire le livre, vous ne faîtes pas le livre ». Et pendant 10 minutes, elle m’a absolument convaincu de faire ce livre-là et de l’utilité du récit. Parce que moi, j’avais la sensation d’en avoir tellement parlé, puisque ça avait été médiatisé, j’avais eu beaucoup de presse, j’étais dans des échanges permanents de gens qui m’écrivaient sur mes réseaux en direct… Je ne savais pas trop si ça avait un intérêt de refaire l’histoire depuis le début. Et quand je vois le livre que c’est, quand je vois les retours que j’ai depuis 10 jours qu’il est sorti maintenant, je suis extrêmement heureux d’avoir accepté et extrêmement fier de ce livre.
Ça va aider beaucoup de personnes …
C’est les premiers retours que j’ai. Je l’ai fait pour ça. Je pense que ça peut effectivement donner de la force aux gens. Le tunnel du cancer, c’est un truc vraiment à part, on se sent à la marge quand on est victime d’un cancer. Parce qu’il y a la fois la maladie, il y a le regard qu’on porte sur vous. Moi je cumule cancer et handicap, c’est un peu particulier. Mais vous vous sentez d’un seul coup un peu mis sur le côté, vous êtes tout le temps à passer des examens, à faire des prises de sang quasi quotidiennes, il y a l’angoisse des résultats, « Est-ce que ça va être bon ? Est-ce qu’on va m’annoncer demain qu’il me reste deux mois à vivre ? » C’est des choses qui sont très très dures à encaisser. Et il faut pouvoir dire aux gens qui sont en ce moment là-dedans, parce que malheureusement le cancer, c’est 150 000 décès par an, donc c’est la maladie qui tue le plus en France. C’est plus de 400 000, 430 000 nouveaux cas, les chiffres ont doublé en 20 ans. Donc c’est une maladie qui frappe tout le monde. On a tous dans notre entourage, quelqu’un qui est touché par le cancer. Je pense aussi que mon histoire elle résonne, parce que les gens sont dans leur coin, en train de vivre des choses un peu similaires. Donc si ce livre peut les aider, moi j’aurais gagné quoi, je l’ai fait que pour ça. Je l’ai aussi fait dans le prolongement de ce que je disais d’ailleurs,en me disant égoïstement, « s’il doit m’arriver un pépin et que je dois partir, je laisserai quelque chose à mes enfants », là ils ont toute mon histoire, il y a tout dedans. Donc je suis content de l’avoir fait pour ça. Et pour la petite anecdote, j’étais en dédicace deux jours après la sortie dans ma ville natale et j’ai revu l’infirmière qui s’est occupé de moi quand j’étais un chimio, iil y 27 ans, quand j’étais adolescent. Elle est venue me voir, elle aujourd’hui 73 ans, elle est évidemment la retraite. Rien que cette rencontre-là, c’est un cadeau extraordinaire. Donc je suis content d’avoir fait ce livre, rien que pour avoir rencontré Marie-Jo, mon infirmière il y a 27 ans.
Merci beaucoup Matthieu d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. On a hâte d’en découvrir plus et de vous retrouver sur les antennes de France 2 pour les grands rendez-vousde rugby et du sport en général.
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Crédit vidéo et photos : Baris Demiray