Beaucoup d’adultes en souffrent, mais le sujet est encore trop tabou. L’acné est souvent associée à l’adolescence mais apparaît quelque fois à l’âge adulte, sans que l’on comprenne pourquoi. Nadine Pomarède, dermatologue au DermoMedicalCenter, répond à toutes nos questions sur le sujet.
L’acné n’est pas réservée à l’adolescence, et peut apparaître à l’âge adulte. Certaines femmes en souffrent en silence, d’autres décident d’en parler, d’assumer, de ne plus camoufler leurs boutons ou cicatrices… Beaucoup de questions se posent néanmoins lorsque cela nous touche, et peu de réponses nous sont véritablement apportées. Nadine Pomarède, dermatologue au DermoMedicalCenter, a accepté de répondre à nos questions et a abordé plusieurs solutions pour y remédier.
Madame Riviera : Quels sont les facteurs qui font avoir de l’acné, en 2022 ? Masque, pollution … ?
Nadine Pomarède : Le masque a beaucoup été évoqué, mais en 2022, il est peu porté en continu. Et les poussées d’acné ne concernent pas forcément les zones qui sont sous le masque. Quant à la pollution, elle peut effectivement modifier la composition du sébum et le rendre plus irritant et responsable de poussées inflammatoires. Par ailleurs, le stress peut effectivement augmenter les poussées d’acné, l’arrêt d’une contraception. la consommation de tabac et de cannabis a aussi été évoquée. Au niveau de l’alimentation : on se calme sur les aliments à index glycémique élevé car ils favorisent la sécrétion de sébum : chocolat, sucreries, mais aussi sodas, et lait écrémé.
Quelles sont les choses à faire pour réduire l’acné ?
Pour ne pas aggraver les effets de l’acné, il est important d’éliminer de son rituel les cosmétiques inadaptés. Les huiles essentielles, les crèmes à la texture trop riche peuvent obstruer les pores et entretenir le problème. On évite aussi de décaper sa peau : les produits de nettoyage asséchants (les savons ont un pH trop basique par rapport à la peau) et/ou les gommages déshydratent la peau, déjà irritée par les traitements locaux. On choisit un produit nettoyant dans les gammes spécifiques (souvent enrichi en zinc sébo régulateur). On évite aussi les brosses nettoyantes qui peuvent irriter une peau déjà asséchée par les traitements locaux. Et surtout de ne pas cumuler ces brosses avec des gommages. On voit très souvent des peaux mixtes à grasses et complètement déshydratées.
Il est aussi important de suivre les recommandations cosmétiques qui accompagnent les traitements médicaux (souvent irritants et asséchants), adaptés aux peaux à tendance acnéique qui permettent de conserver une barrière cutanée intègre.
Le soleil est le faux ami de la peau. L’exposition solaire épaissit la peau, de ce fait les microkystes semblent s’améliorer et les lésions inflammatoires diminuent mais le retour de vacances se traduit par une poussée de boutons.
Pourquoi certaines personnes qui n’ont pas eu d’acné en étant adolescent en sont victimes à l’âge adulte ?
L’acné de la femme adulte est très fréquente et concerne entre 20 à 45 % des femmes de plus de 30 ans. La majorité des femmes qui présentent de l’acné à l’âge adulte ont eu une acné adolescente mais ce n’est pas le cas pour toutes. Une prédisposition génétique de l’acné existe : si les deux parents ont eu de l’acné, le risque est majoré.
Quels sont les traitements les plus efficaces selon vous ?
Pour traiter une acné de la femme adulte, on ne peut se contenter de prescrire un « traitement classique médicamenteux » qu’elles ont déjà eu souvent à plusieurs reprises et qui ne fonctionnent que pendant la durée du traitement avec des récidives fréquentes à l’arrêt. Des alternatives existent :
Un traitement par spironolactone qui est un traitement diurétique qui a une action anti androgène sur la glande sébacée est intéressant pour les femmes qui des poussées en rapport avec leurs cycles.
Des traitements physiques de l’acné, seuls ou en complément de traitements classiques. Ces traitements physiques utilisent les propriétés des lumières LEDs pour traiter l’acné avec des protocoles différents. Ces traitements agissent sur les lésions inflammatoires de l’acné et sur les glandes sébacées et stimulent les processus de réparation et de cicatrisation de la peau.
Les différents traitements par la lumière :
- Le traitement par Kleresca® stimule les mécanismes biologiques de la réparation de la peau grâce au chromophore qui est appliqué sur la peau immédiatement avant d’illuminer la peau. Il s’agit d’un processus appelé photobiomodulation.
- Le traitement par Alafast® nécessite un temps de pose avant d’illuminer la peau. Pendant ce temps, le chromophore se fixe électivement sur les cibles qu‘il doit traiter : les bactéries de l’acné présentes dans les glandes sébacées. Il s’agit d’un processus appelé photothérapie dynamique
Le nettoyage de peau dermatologique : Dans cet acte, on utilise aussi les LEDs. C’est un traitement de micro-chirurgie de l’acné qui n’a rien de commun avec un soin réalisé chez une esthéticienne Le nettoyage de peau dermatologique est un traitement médical qui élimine progressivement les microkystes ou comédons fermés du visage et les points noirs. Ce traitement raccourcit la durée des traitements contre l’acné en évitant la transformation des microkystes en lésions inflammatoires. Le nettoyage de peau se termine par une séance de LEDs pour leurs propriétés cicatrisantes et anti inflammatoires. Le nettoyage de peau s’adresse à tous celles et ceux qui présentent une acné rétentionnelle c’est-à-dire qui ont des lésions de type microkystes ou comédons fermés et des points noirs. Mais aussi à toutes les personnes qui présentent des imperfections de la peau à type de grains de millium ou un grain de peau irrégulier.
Les peelings superficiels : Pour éliminer les marques superficielles d’acné, très fréquentes chez la femme adulte car l’acné est souvent excoriée, les séances de peelings superficiels combinées à des LEDs constituent le protocole de soins le plus efficace. Il existe différents types de peelings superficiels avec des compositions différentes en fonction de la sensibilité de la peau et de la carnation : acide de fruits (AHA, en premier lieu l’acide glycolique), mais aussi acide phytique, beta- acides de fruit.
Roaccutane est souvent mal vu, qu’en pensez vous ? Pourquoi est-ce souvent la seule solution radicale pour s’en débarrasser ?
L’Isotrétinoine est un traitement efficace mais qui est très encadré (prise de sang tous les mois avec un test de grossesse). Il n’est prescrit qu’en cas d’échec des autres thérapeutiques ou en cas d’acné sévère d’emblée. ; jamais en première intention. Ce n’est pas toujours un traitement radical et il n’est pas rare de voir des patients qui ont fait 2 voire 3 cures d’Isotretinoine. Parfois parce que les cures n’ont pas été effectuée avec un dose cumulative suffisante mais pas toujours. Aujourd’hui beaucoup de patient.es rejettent les traitements médicaux classiques et leur préfère des traitements physiques. Souvent ils ont été déçus car il n’a pas empêché la récidive des lésions ou ces traitements sont contre-indiqués (désir de grossesse notamment). Les traitements par la lumière ( voir ci-dessus) apportent une solution alternative.
Que pensez-vous des traitements antibiotiques ?
Les traitements de l’acné sont bien codifiés avec un arbre décisionnel en fonction de l’importance des lésions mais aussi de de l’échec des traitements précédents. En cas d’acné modérée, les traitements locaux doivent être privilégiés. Les traitements par antibiotique par voie orale agissent sur l’inflammation des lésions, liée à leur surinfection par la cutibacterium acnes. Ils ne doivent pas excéder 3 mois pour éviter les résistances. Le zinc est sébo régulateur et sera prescrit pour les formes modérées d’acné.
Que diriez-vous aux femmes qui tentent désespérément de cacher leurs boutons avec des couches de fond de teint ou autres produits ?
Le traitement de l’acné est parfois long et il y a la nécessité de ne pas altérer l’estime de soi. Bien sûr, on peut se maquiller et appliquer des fonds de teint ou des correcteurs ; ils sont testés non comédogènes et non acnégène, donc avec aucun risque d’aggraver l’acné.