En 2022 plus que jamais, les femmes ne semblent plus vouloir se mettre la pression. Afin de lever le pied, elles ont décidé de faire passer leur bien-être en priorité. Virginie Ferrara, psychanalyste parisienne, nous aide à comprendre cette révolution féminine ô combien légitime.
Et si 2022 était, chez les femmes, l’année des résolutions tenues ? Non plus celles de s’inscrire à la salle de sport, perdre du poids ou encore de ne plus boire. Mais, au contraire, d’envoyer valser les normes sociales et les pressions subies au quotidien. Cette année, les femmes disent stop et relâchent la pression.
Psychanalyste réputée dans son domaine, Virginie Ferrara a accepté de décrypter pour nous cette prise de conscience féminine. A commencer par nous dire pourquoi les femmes ressentent, aujourd’hui plus que jamais, ce besoin de lâcher prise. Elle nous explique ainsi : « Décider aujourd’hui de prendre davantage de temps relève à mon sens d’une nécessité absolue. Celle de prendre soin de son énergie vitale et de sa valeur ». Elle ajoute ensuite : « La crise que nous traversons, pandémie, guerre, dérèglement climatique, appelle les femmes à se réapproprier leur féminin, à redéfinir leurs vrais besoins et désirs. »
Evidemment, la pression sociale que subissent les femmes dans leur quotidien y est pour beaucoup dans leur désir de reconstruction. En outre, elles souhaitent se concentrer sur elles-mêmes avant de devoir répondre à des critères imposés. Notamment passé un certain âge.
Mariage, enfants avant 30 ans… Les femmes ne se mettent plus la pression
Le mariage, les enfants avant la trentaine, les tâches ménagères. Tant de clichés qui sont encore malheureusement bien présents. Virginie Ferrara nous explique : « Entre l’allongement des études, la difficulté pour certaines de trouver un emploi stable. Pour d’autres, la nécessité de devoir faire ses preuves dans une grande boîte. Egalement les relations amoureuses souvent réduites à du consumérisme. ». Elle reprend : « Les jeunes femmes trentenaires représentent aujourd’hui la tranche d’âge la plus importante, parmi les célibataires. A peine diplômées, les voilà déjà en quête de l’homme avec lequel elles pourront construire leur avenir. La fameuse ‘horloge biologique’ les rappelant à l’ordre chaque année… Il est difficile voire impossible pour ces trentenaires de concilier tous ces enjeux. Réussite sociale, de couple, de famille… Beaucoup ont compris l’aliénation que cela pouvait représenter pour elles. »
Par ailleurs, les femmes ont désormais moins de mal à ralentir la cadence au niveau professionnel. Notamment pour atteindre certains objectifs fixés. Cela ne peut être ainsi que bénéfique pour leur santé mentale. Virginie Ferrara analyse : « Elles prennent de plus en plus conscience de leurs points forts mais aussi de leurs limites. Elles apprennent à résister à ce jugement implacable qu’il faudrait qu’elles soient performantes dans tous les domaines ». Avant de poursuivre : « Assumer sa sensibilité, arrêter de se calquer sur un modèle ultra masculin et compétitif, dépasser leur culpabilité. Autant de défis avec lesquels elles doivent apprendre à composer. Elles doivent avoir un regard bienveillant sur elles-mêmes afin d’affirmer et d’assumer leurs dons, leur singularité et leurs compétences. »
Les femmes sont plus indulgentes avec leur corps
Egalement, l’indulgence des femmes envers elles-mêmes passe aussi et surtout par le rapport à leur corps. En outre, être davantage tendre avec lui, accepter ses défauts, ne plus avoir peur de le regarder sans filtres. Mais aussi l’exposer à l’arrivée des beaux jours. Malgré de nombreuses et grandes évolutions des diktats de la beauté en 2022, la psychanalyste émet quelques réserves sur l’élan du body positivisme. Elle s’explique : « La société continue d’imposer des normes. Pourtant, différents mouvements, notamment celui du body positive, clament la diversité des corps. Ils se battent contre la dictature de la perfection. Malgré cela, la ‘grossophobie’ persiste. Des injonctions profondément ancrées demeurent même si beaucoup cherchent à faire bouger les codes d’une soi-disant beauté lisse et sans défauts » confie-t-elle.
En bref, même si elles ne sont pas encore en majorité, les femmes sont de plus en plus nombreuses à assumer leur corps et enlèvent ainsi un poids supplémentaire de leurs épaules. Elles l’affichent fièrement sur les réseaux en allant à contre courant des codes des photos Instagram sur-likées. Bourrelets, poils apparents, vergetures, cellulite, imperfections en tout genre… Restons optimistes sur le fait que les codes évoluent et que nos différences finiront par définir la norme de demain. Et ainsi, que de moins en moins de femmes subiront cette pression sociale liée à la quête d’un corps parfait pourtant inexistant.