Le 25 novembre est la journée de l’année dédiée aux violences faîtes aux femmes. Pour l’occasion, Capucine Coudrier alias @ovairestherainbow a témoigné pour nous des violences qu’elle a subies dans sa première relation et a fait le point sur ce fléau.
Madame Riviera : Pouvez-vous nous dire brièvement où nous en sommes, en 2022, sur les violences faites aux femmes ?
Capucine Coudrier : En 2022, beaucoup de choses restent à faire en termes de lutte contre les violences faites aux femmes. En France, déjà 118 femmes ont été tuées en raison de leur genre. En moyenne, chaque année, 94 000 femmes sont victimes de viol ou tentative de viol. 1 femme sur 6 a commencé sa sexualité par un rapport non consenti. Avant leurs 25 ans, dans le monde, 1 femme sur 4 a déjà subi des violences physiques ou sexuelles de la part de son conjoint. Ce sont quelques chiffres parmi tant d’autres, mais ils montrent l’étendue du problème.
Concrètement, de nouvelles mesures ont-elles été mises en place pour pallier à ces drames ?
Des mesures sont mises en place, mais ce sont des gouttes d’eau. Cela ne suffit pas. Comme nos voisins Espagnols l’ont montré, une lutte efficace contre les violences perpétrées par les hommes doit passer par une enveloppe financière conséquente. Surtout, tant que le gouvernement refusera d’adopter une conscience de genre. Qui consiste à concevoir les violences faites aux femmes non pas comme des actes isolés mais comme un problème systémique dérivant de la société patriarcale, nous ne pourrons pas avancer efficacement. Malheureusement, nous en sommes encore très très loin en France.
Les différents types de violences
La violence domestique est la plus fréquente, pouvez-vous nous en dire plus ?
J’ai moi-même été confrontée à cette violence de couple lorsque j’étais très jeune, par mon premier copain. C’est la violence la plus commune car elle est vécue dans la honte. Les victimes sont piégées par leurs agresseurs et n’arrivent pas à prendre la parole sur ce qu’elles vivent. Quitter une relation violente est extrêmement difficile. Aussi, beaucoup de personnes sont mal informées sur les violences conjugales et ne perçoivent pas quand elles en vivent. Les violences conjugales ne sont pas que des coups de poings, des gifles et du sang. C’est beaucoup plus large que ça.
Il y a également la violence psychologique, que beaucoup de femmes subissent…
Oui, la violence psychologique est une violence très présente dans beaucoup de milieux. Comme le milieu professionnel par exemple, mais aussi au sein du couple. Jalousie, pression, grossophobie, menaces, contrôle constant… il est difficile de quantifier cette violence. D’autant plus que beaucoup la supportent en pensant que c’est quelque chose de normal dans un couple. Lorsqu’on commence à mettre en avant plusieurs types de violences psychologiques et à en parler à d’autres personnes, elles peuvent prendre conscience de ce qu’elles ont vécu et assimiler le fait que ce n’était pas normal. C’est pour cette raison que la prévention est importante. En montrant les comportements problématiques en amont, on permet des prises de conscience.
Le consentement sexuel est parfois mis à rude épreuve dans un couple…
Oui tout à fait. Le consentement dans un couple est très important. Vivre avec quelqu’un ne signifie pas que cette personne nous doit des relations sexuelles. Le consentement doit être répété aussi souvent que nécessaire.
Les solutions à connaître
Que faire si l’on est victime de violences ou si l’on connaît quelqu’un qui en souffre sans forcément pouvoir agir ?
Si l’on est victime de violences, on peut en parler à l’association En Avant Toute(s) sur leur tchat commentonsaime.fr . Des professionnel.les sont la pour fournir un suivi adapté et des réponses aux questions que les jeunes se posent sur leur couple et/ou des violences subies. Il existe aussi le 3919 évidemment. Si on connaît une personne qui subit des violences, le mieux à faire est de lui apporter son soutien. Lui montrer qu’on est là pour elle quoi qu’il arrive et qu’on ne la laissera pas tomber. Lui dire que ce qu’elle vit n’est pas normal et interdit par la loi. Et enfin, lui demander ce dont elle a besoin et la diriger vers des entités compétentes. Comme En Avant Toute(s) ou d’autres assos féministes. Il ne faut pas laisser tomber cette personne même si on ne comprend pas pourquoi elle n’arrive pas à partir, c’est très important.